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Les mots d'Hélène
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9 novembre 2008

Clisson 2005

En 2005, le texte « Ne pars pas déjà » écrit à partir d’une idée qui avait germé pendant un atelier d’écriture, a obtenu le troisième prix. Petite anecdote, Nicole B. qui faisait partie du premier jury, était tellement déçue que ce texte ne m’ait pas rapporté le premier prix comme elle le souhaitait qu’elle m’a, généreusement, offert un prix supplémentaire, soit un dîner et une nuit dans ses chambres d’hôtes. Nous avons parlé écriture, elle m’a permis d’organiser des ateliers privés chez elle en 2007 et 2008 et je lui dois d’intervenir maintenant dans le cadre du Centre Culturel des Cordeliers de Clisson (voir blog Ex Arte).

Voici ce texte :

Ne pars pas déjà !

C'est tout juste le début de l'automne. L'air est doux et sucré, chargé des odeurs de vendanges ; le ciel est bleu comme un ruban d'enfant de Marie et les chênes s'empourprent comme les joues des rosières.

         Mes gestes sont lents dans la cuisine, la fenêtre est restée ouverte sur le parc où tu te hasardes à petits pas douloureux. Je coupe les pommes tandis que le sucre caramélise lentement.

         Ne pars pas déjà !

         Les chevaux de pierre ne crachent plus leur cascade dans le bassin maintenant verdi ; la grille se rouille au bout de l'allée. Le ciel va devenir sombre. Tu vois, il y a encore tant à faire.

         Il faut aussi ranger au grenier, les jouets des enfants que nous n'avons pas eus ensemble. Il faut, dans les boules de verre, planter des jacinthes pour Noël. Nous devrons, bien vite, tailler les rosiers.

         Ne pars pas !

         Tu m'as promis, souviens-toi, nous referons un voyage de noces à Florence. Avec toi, le monde est trop petit pour contenir tout notre amour. Sans toi, la chambre même serait trop grande.

          Si tu ne peux plus le faire, moi je jardinerai, gratterai, poncerai, vernirai jusqu'à ne plus sentir mes reins et mes doigts. Je te ferai cuire, juste pour l'odeur que tu aimes, des dizaines de tartes aux pommes dont tu ne mangeras aucune bouchée.

         Ne pars pas !

         Je t'offrirai des soirées bleues pleines de tendresse, des nuits comme des voyages sous les étoiles, des matins de résurrection.

         Pourtant, je le sais, la dernière aube va venir. Alors ce jour-là je te cacherai si profond au creux de notre lit, si profond au creux de mon cœur que, non, tu ne seras jamais vraiment parti pour moi et que les souvenirs de notre printemps seront comme des crocus perçant sous la neige de mon hiver.

                                                                           Je t'aime.

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